Yassine Chenna, l’art du pas juste : quand la sneaker devient un manifeste silencieux
À Barcelone, le créateur marocain Yassine Chenna réinvente la sneaker comme un objet d’art et d’intention. Sa marque YC unit le savoir-faire artisanal portugais à l’ingénierie du confort, pour des modèles où chaque couture a du sens.

Fondée à Barcelone, YC incarne une vision singulière de la mode : celle où la basket devient un symbole de conscience et d’élégance discrète. Confectionnée à la main au Portugal avec des cuirs italiens premium, chaque paire porte la philosophie de son créateur pour un minimalisme durable, intemporel et empreint d’âme. Les collections LAYL, NAHAR et LAYL & NAHAR célèbrent les contrastes essentiels de la vie : la nuit et le jour, l’ombre et la lumière, la sérénité et la clarté. Chez Yassine Chenna, une sneaker ne complète pas seulement une tenue : elle raconte une histoire.
- Comment est née YC, votre marque de sneakers pensée entre Barcelone et le Maroc ?
YC est née d’un mélange de passion et de parcours. Depuis mon enfance, les sneakers m’accompagnaient partout, elles étaient un vrai langage pour moi. J’ai grandi au Maroc dans les années 90, entre basketball, skate et street culture… c’était plus qu’un style, c’était une façon de vivre. Puis, après plus de 10 ans à Barcelone en tant que directeur artistique, j’ai ressenti le besoin de revenir à cette passion première. Créer ma propre marque, c’était une manière d’affirmer ma vision, mais aussi de prouver qu’un créateur marocain peut trouver sa place sur la scène internationale, sans rien renier de son identité.

- Quelle philosophie guide vos créations ?
Quand je crée, j’ai toujours cette idée en tête : la paire doit pouvoir durer, traverser le temps. Je cherche l’équilibre entre une ligne simple, un confort immédiat et des matériaux responsables. L’objectif, ce n’est pas de courir derrière la mode, mais de créer une sneakers que l’on aura encore envie de porter dans 10 ans, parce qu’elle raconte quelque chose de vrai.
- Comment définiriez-vous l’ADN de YC ?
YC, c’est avant tout la simplicité. Je crois que les lignes les plus pures sont souvent les plus fortes. Ensuite, il y a l’exigence : chaque détail compte, rien n’est laissé au hasard. Enfin, il y a la durabilité, parce qu’une paire doit être belle, mais aussi capable de résister au temps. Mon but est simple : que chaque modèle raconte une histoire sans avoir besoin de logo tapageur.
- Quels choix de fabrication traduisent le mieux votre exigence haut de gamme ?
Je choisis des matériaux qui parlent d’eux-mêmes : du cuir pleine fleur issu de tanneries certifiées, une semelle solide et confortable, des doublures qui respirent. Les modèles sont pensés à Barcelone mais fabriqués au Portugal, dans des ateliers où chaque geste est précis, presque rituel. Ce qui me plaît, c’est cette alliance : un design contemporain, mais porté par des mains qui maîtrisent un savoir-faire ancien.

- Vos créations reflètent vos influences marocaines et barcelonaises. Comment dialoguent-elles ?
Barcelone m’a appris la rigueur et le goût du minimalisme. Le Maroc, lui, m’a transmis l’amour du cuir, des matières et du travail manuel. Mes créations sont un peu un pont entre ces deux mondes : elles portent la modernité méditerranéenne, mais aussi cette authenticité artisanale que j’ai toujours connue au Maroc.
- En quoi votre parcours personnel nourrit-il votre regard de designer ?
Mon parcours m’a appris la patience et l’importance du détail. Travailler dans la direction artistique m’a donné une vision globale, la capacité de construire un univers cohérent. Mais ma créativité, elle vient aussi de mon enfance, de toutes ces paires qui m’ont marqué. Quand je crée, je reviens souvent à ces souvenirs-là. YC est une manière de relier ce que j’ai vécu, ce que j’ai appris, et ce que j’ai envie de transmettre.
- À qui s’adresse YC ?
Mes sneakers s’adressent à des gens qui veulent plus qu’un logo. À ceux qui cherchent une paire bien faite, confortable, simple mais pleine de caractère. Mon ambition, c’est que YC devienne une référence des sneakers intemporelles, celle qu’on garde longtemps et qu’on porte dans toutes les occasions.

- Dans un univers saturé, comment affirmez-vous la singularité de YC ?
En choisissant la sincérité. Beaucoup de marques misent sur le bruit, le logo, l’excès. Moi je préfère la retenue, la justesse des proportions, la qualité des matériaux. YC n’essaie pas d’attirer l’œil à tout prix, mais quand on les porte, on comprend pourquoi elles sont différentes.
- Où voyez-vous YC dans cinq ans ?
Dans 5 ans, j’aimerais que YC soit présente dans de belles boutiques de référence dans le monde. Mais ce qui compte le plus pour moi, c’est que la marque garde son âme : une production raisonnée, un design intemporel et une identité claire. Je veux aussi que YC soit perçue comme une marque qui représente le Maroc à l’international. En tant que créateur marocain, c’est important pour moi de montrer que nous avons du talent, du savoir-faire et une vision qui peut rivaliser avec les plus grandes maisons. J’aimerais que le public marocain soit fier de voir YC grandir, parce qu’au fond, cette aventure leur appartient aussi.
- Quels sont vos prochains défis créatifs ?
En ce moment, je travaille sur une nouvelle collection. C’est une étape excitante parce qu’elle me permet de pousser encore plus loin la vision de YC, toujours avec le même mélange de simplicité et d’exigence. J’aimerais aussi, dans le futur, collaborer avec des créatifs qui partagent les mêmes valeurs, pour créer des projets qui racontent une histoire commune. L’expansion vers de nouveaux marchés viendra progressivement, toujours avec cette idée de rester fidèle à l’esprit de la marque et de ne jamais sacrifier la qualité pour la quantité.



