Salma, la vibe vintage qui redéfinit le style marocain
Dans la ville blanche, Salma avance avec une énergie à part : celle des pièces qui ont déjà vécu, des looks qui racontent, et d’un parcours artistique où cinéma, mode et comédie se répondent sans jamais se contredire. Figure pionnière du thrifting au Maroc, elle revendique un dressing 99% seconde main.

- Comment Ça Marche, ce lien que tu as gardé avec le thrifting… ?
Le thrifting fait partie de moi depuis toujours. J’ai grandi dans une famille qui adore le vintage : vêtements, meubles, objets… tout avait déjà vécu avant d’arriver chez nous. Alors, forcément, dès que j’ai commencé à m’habiller toute seule, j’ai pioché dans les vestes et cravates de mon père, et dans les caftans de ma mère. C’était mon premier contact avec l’idée qu’un vêtement peut raconter une histoire. Avec le temps, j’ai compris que ce que je recherchais vraiment, ce sont les pièces uniques, celles qui ont une âme. Et quand j’ai vécu à Paris, ça s’est encore amplifié : les friperies, les marchés aux puces, les vide-greniers… c’est presque une culture là-bas. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un style, c’est devenu mon mode de vie. Je n’achète presque plus de neuf : mon dressing est composé à 99 % de seconde main. Même ma déco est chinée sur Facebook Marketplace, Avito ou dans des souks comme Oueld Mina à Hay Hassani. Le thrifting incarne ce mélange que j’aime : une esthétique forte, une histoire derrière chaque pièce, et un choix de consommation plus responsable.
- Tu navigues entre cinéma, comédie et mode sans perdre ton essence, comment ?
Au début, j’ai vraiment essayé de me mettre dans une case. Je pensais que pour être prise au sérieux, il fallait absolument choisir : cinéma, comédie, mode… comme si une seule étiquette devait définir tout ce que j’étais. Mais ça ne m’allait pas du tout. J’ai fini par comprendre que je fonctionne à l’envie, à la curiosité et à la créativité. Alors ma “case” est devenue simplement : faire ce qui me ressemble. Je suis quelqu’un qui aime raconter des histoires, sous toutes leurs formes : une scène de cinéma, un sketch, un look imaginé après une session de thrifting. Pour moi, tout vient du même endroit : l’observation, l’humour, le jeu, l’intuition. Je ne perds pas mon essence justement parce que je ne choisis pas un seul chemin : je prends ceux qui me ressemblent, même s’ils sont multiples. C’est ce mélange-là qui forme mon fil rouge.
Publication Instagram
- Le thrifting est une attitude. Toi qui fais partie des pionnières, comment tu vois son évolution au Maroc ?
L’évolution est impressionnante. Quand j’ai commencé, on était une toute petite communauté à partager ce qu’on trouvait dans les “joutia” en ligne. C’était très niche. Aujourd’hui, le thrifting s’est démocratisé, mais de manière positive. Les jeunes assument davantage leur style, ils cherchent des pièces originales, et ils sont plus ouverts à la seconde main. Ce n’est plus “acheter de l’occasion parce que c’est moins cher”, mais “trouver une pièce unique, avec une vraie vibe”.
La recherche de la pièce rare devient même un peu addictive. On voit aussi des boutiques qui se professionnalisent, des créateurs qui réinventent des pièces vintage, et des pages Instagram qui mettent en avant une vraie culture du thrift. C’est incroyable à observer, surtout parce que cela encourage une consommation plus consciente. Et je suis heureuse d’avoir participé à ce mouvement dès ses débuts.




