Jardins, parcs et square de Casablanca ville blanche, tout une histoire
Dans la ville blanche, il existe encore des squares où le temps ne s’arrête pas mais file en douceur. Des poches de verdure qui racontent mieux que n’importe quel livre l’histoire d’un Casablanca qui respirait plus lentement, bercé par les oiseaux et les après-midi dorés.Casablanca n’a pas toujours été ce tourbillon électrique qui gronde du matin au soir.

Dans les années 70, la ville blanche vivait un tout autre rythme, un souffle plus calme, presque cinématographique, où les squares étaient les véritables cœurs battants du quotidien. Les squares de Casablanca ont grandi avec la ville, mais ils n’ont jamais perdu leur âme. Ils restent des refuges, des bulles suspendues où l’on peut encore entendre les échos doux de cette époque : les pas tranquilles, les premiers vélos, les voix d’enfants qui traversaient l’air chaud, et surtout ce chœur d’oiseaux qui semblait bénir la ville à chaque matin.
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Place Mohammed V : le square emblématique de la ville blanche
Au cœur de Casablanca, la Place Mohammed V reste le square le plus iconique de la ville blanche. Son histoire remonte à 1916, lorsque l’urbaniste Henri Prost imagine un centre administratif ouvert, harmonieux et baigné de lumière. À cette époque, la ville est en pleine métamorphose : Casablanca passe de port maritime effervescent à capitale économique structurée.
En 1920, les premiers bâtiments autour du square sortent de terre : la Préfecture, la Poste et le Palais de Justice. Tous portent cette signature Art Déco et néo-mauresque qui fait encore aujourd’hui palpiter le cœur des amoureux de l’architecture casablancaise. Une anecdote qui traverse les décennies : dans les années 50 et 60, la place est surnommée « la place aux pigeons », tant les oiseaux y formaient un nuage vivant. Les enfants venaient y courir avec des cornets de grains, les familles s’y donnaient rendez-vous le dimanche, et les photographes ambulants installaient leurs appareils sur trépied, prêts à capturer un souvenir.
Puis vient la fontaine musicale de 1976 : une première au Maroc. Chaque soir, les notes illuminaient l’esplanade et attiraient des centaines de Casablancais, fascinés par ce spectacle presque futuriste pour l’époque. Aujourd’hui encore, ce square reste la scène centrale de la ville blanche :
les manifestations historiques, les rassemblements sportifs, les concerts improvisés, les marches citoyennes ou simplement les promeneurs du matin… Tout Casablanca y est passé, s’y est arrêté, y a laissé quelque chose. Un lieu-mémoire, un repère, une respiration dans la ville et surtout, un square qui n’a jamais cessé de raconter Casablanca.

Parc de la Ligue Arabe : le grand square de Dar Beida
Casablanca. Un rectangle de verdure mythique qui prend racine en 1916, lorsque Henri Prost trace les premières lignes du parc sur ses plans d’urbanisme. En 1921, les premiers arbres sont plantés. Des ficus immenses, des eucalyptus, des palmiers élancés. Beaucoup d’entre eux sont encore debout aujourd’hui, des géants silencieux qui ont vu défiler trois générations de Casablancais.
Dans les années 60 et 70, le parc devient un véritable théâtre social : les enfants empruntaient les petits trains colorés, les familles s’installaient sur les pelouses fraîchement coupées, les amoureux marchaient sous les allées en arcades de verdure, et les vendeurs de glaces passaient avec leurs chariots en métal qui tintaient dans l’air chaud.
Une anecdote culte : dans les années 70, on y voyait des photographes ambulants avec leurs appareils en bois, prêts à développer la photo sur place dans de petites cuves accrochées à leur sac. Beaucoup de Casablancais ont une vieille photo de famille prise ici, en noir et blanc, avec un sourire timide et un ficus géant en arrière-plan.
À partir des années 80, le parc devient un rendez-vous sportif : les joggers du matin, les retraités qui marchent en groupe, les matchs improvisés sur les espaces ouverts. Et puis il y a les oiseaux toujours eux. Des tourterelles par centaines, les moineaux collés aux bancs, et parfois même un héron qui traverse le ciel quand le soleil tombe.
Après sa grande rénovation dans les années 2010, le parc retrouve son éclat : allées étirées, pelouse propre, espace skate, bancs modernes… Mais son âme, elle, reste totalement 1970 : douce, populaire, vivante. Un square immense, respirant, qui raconte l’évolution de la ville blanche mieux que n’importe quel livre.

Parc Isesco (ancien Jardin Murdoch) : le square le plus ancien de la ville blanche
Le Parc de la Ligue Arabe, c’est un peu le grand square de Bien avant que Casablanca ne devienne la métropole électrique qu’on connaît, il existait déjà un coin de verdure silencieux : le Jardin Murdoch, né au tout début du XXᵉ siècle, entre 1907 et 1910. Aujourd’hui renommé Parc Isesco, c’est tout simplement l’un des squares les plus anciens de la ville blanche, un témoin rare d’un Casablanca encore jeune, encore en train de se chercher.
Dans ces années-là, la ville est un port en construction. Les rues sont poussiéreuses, les tramways tirés par des chevaux. Et au milieu de tout ça, ce petit jardin devient un refuge pour les Européens installés ici, mais aussi pour les familles marocaines qui découvrent pour la première fois un espace vert aménagé. Dans les années 30 et 40, le square devient un lieu de rendez-vous incontournable.
On y voit des bancs en fer forgé, un kiosque à musique où jouaient parfois des ensembles militaires, et des enfants fascinés par les fontaines basses. Les allées étaient si ordonnées qu’on aurait dit un petit jardin parisien perdu dans la ville blanche.
Puis viennent les années 60–70, l’âge d’or des squares à Casablanca. Le Jardin Murdoch est déjà ancien, mais toujours très vivant.
Les grands arbres créent une ombre généreuse. Les couples se retrouvent là, assis sur les bancs usés. Les vendeurs d’amandes grillées s’installent près des entrées. Et surtout : les oiseaux. Des dizaines de tourterelles qui picoraient autour des fontaines, des moineaux qui suivaient les familles, presque apprivoisés. Après sa transformation pour devenir le Parc Isesco, la forme a changé, mais pas l’âme.
C’est le square qui a vu Casablanca grandir, littéralement. Un morceau d’histoire planté dans la terre, toujours debout, toujours vivant.

Ça Marche a d’ailleurs organisé une course nocturne inoubliable dans les ruelles des Habous, avec un départ iconique depuis le parc Murdoch, là où l’histoire et l’énergie de la ville blanche se rencontrent.
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